Page 6 - Spécial Inclusion

3. Les réactions psychologiques
face au ha«
Comme la perte d’audition se « Ce qui me gêne le plus, c’est manifeste dans les interactions la frustration de ne pas pouvoir sociales, c’est une erreur de participer... ne pas pouvoir
situer le problème seulement débattre, argumenter [...]
ndicap auditif
sont individuelles et collectives.
au niveau de la personne malentendante.
En réalité, tous les partenaires de l’interaction sont concernés dans le handicap et chacun réagira en fonction des interprétations qu’il se fait
de l’interaction.
Comment se traduit
la perte d’audition dans les conversations notamment en groupe ?
La personne malentendante va accumuler un retard dans les échanges, au point que souvent elle n’aura eu accès qu’à une partie de ce qui s’est dit dans
le groupe. Cela entraîne un sentiment de frustration, que le contexte professionnel aggrave par un sentiment d’ineffica- cité et de mise à l’écart des interactions.
Comme l’indique cette femme d’une cinquantaine d’années, une partie de sa difficulté
tient à l’attitude habituelle
de tout un chacun dans la communication : il est rare que les personnes se préoccupent de la rapidité des échanges, et tout va naturellement très vite et de façon fluide :
Quand il y a trop de monde, quand les conversations vont tropvite,qu»elesgensne prennent pas la peine d’attendre – là, je suis complètement démunie [...] Je ne sais pas ce qui a été dit ou pas dit... et je suis perdue. »
Dans les réunions professionnelles, de telles circonstances sont monnaie courante : chacun parle, participe et n’imagine pas un instant s’arrêter pour demander si tout le monde a compris. Sans le vouloir, les personnes qui ont une audition normale participent ainsi, par leur attitude habituelle et spontanée, à des mécanismes d’exclusion des personnes malentendantes.
Elles ne prennent pas le temps de ralentir leur communication, car elles n’en ont pas besoin elles-mêmes.
Elles ne pensent pas mal faire en parlant en même temps que les autres, car la coexistence de plusieurs voix dans le groupe ne les empêche pas de participer.
Elles ne se sentent pas mises
à l’écart s’il y a plus de bruit à certains moments – au contraire, cela fait partie de la convivialité et du plaisir d’être ensemble !
Dans la pratique de la communication, le naturel revient plus vite que les efforts ponctuellement réalisés. C’est sans doute, en partie, que les bénéfices de ces efforts pour la personne malentendante sont sous-estimés par son entourage. La manière de faciliter la communication
peut aussi ne pas être bien assimilée.
Avec le handicap auditif, on doit garder à l’esprit que
de petits efforts, s’ils sont adaptés à la situation, peuvent produire de grands effets
sur la personne qu’on aide à participer à la dynamique du groupe.
Mais quand la perte d’audition d’un employé est connue de ses collègues de travail, les interactions
ne s’en trouvent-elles pas naturellement facilitées ?
JNA - GUIDE INCLUSION - 6